Groupe d'utilisateurs de Logiciels Libres de Toulouse
Promouvoir, développer et démocratiser les Logiciels Libres en Midi-Pyrénées

Chroniques sur le Libre dans Fritures

Introduction

Lors du 5ème forum sur l'Économie Sociale et Solidaire, ThomasPetazzoni a rencontré un responsable de Fritures. Fritures est un nouveau magazine régional de sensibilisation aux alternatives économiques, sociales, environnemenales et culturelles. Son premier numéro, qui paraîtra en mars 2006, sera diffusé au prix de 4 Euros à 5.000 exemplaires. Le responsable rencontré cherchait depuis longtemps des personnes pouvant tenir une petite chronique sur le Logiciel Libre dans ce magazine. Nous disposons donc d'un feuillet (1.500 caractères) dans chaque numéro de ce magazine. Nos textes étant évidemment destinés à des non-connaisseurs, ils devront être adaptés à ce public, et donc se rapprocher de ce que nous faisons pour Radio Campus.

Pour le moment, la publication de Friture est suspendue jusqu'à début 2007 (voir ici). Par conséquent, ce projet est également temporairement suspendu.

Chroniques

  • <html><a href=“#chronique1”>Logiciels Libres : une informatique citoyenne</a></html>
  • <html><a href=“#chronique2”>DADVSI</a></html>
  • <html><a href=“#chronique3”>Wikipédia</a></html>
  • <html><a href=“#chronique4”>Ubuntu Linux, humanité aux autres</a></html>

Chronique 1 : « Logiciels Libres : une informatique citoyenne » <html><a name="chronique1">&nbsp;</a></html>

La révolution numérique est en marche. Elle touche de plus en plus à tous les aspects de notre vie : société, culture, économie, santé. C'est une source de progrès indéniable, mais il faut rester vigilant. En effet, la quasi-totalité des ordinateurs grand public sont aujourd'hui livrés avec des logiciels dits propriétaires, réalisés dans une logique purement marchande. Ces logiciels, dont le fonctionnement est tenu secret par leurs éditeurs, ne permettent pas de contrôler suffisament un outil qui accompagne de plus en plus notre quotidien.

Toutefois, face à cette vision fermée de l'informatique se développe depuis longtemps une alternative plus humaine : les Logiciels Libres. Contrairement à leurs homologues propriétaires, les Logiciels Libres garantissent à l'utilisateur le total exercice de sa liberté. Ce dernier peut non seulement utiliser le logiciel sans aucune limite, mais également en étudier le fonctionnement interne, l'améliorer à sa guise et le redistribuer à qui il le souhaite. Il s'agit d'un retour aux valeurs fondamentales du partage, de la connaissance, et de l'entraide ; valeurs dans lesquelles se retrouve une très large communauté de développeurs bénévoles.

Ces millions d'utilisateurs, de développeurs, de testeurs et de traducteurs, reliés grâce à Internet, ont développé une offre logicielle complète tant pour les professionnels que pour les particuliers. Ainsi, il est désormais possible d'utiliser son ordinateur avec un système d'exploitation entièrement libre tel que GNU/Linux, une suite bureautique telle <html>qu'OpenOffice.org</html>, un navigateur Web tel que Mozilla Firefox, et avec des milliers d'autres Logiciels Libres couvrant les domaines de la bureautique, de l'Internet, de la vidéo, du graphisme, de la musique, et bien d'autres encore. Le projet GNU, principal projet de Logiciel Libre, est d'ailleurs reconnu par l'UNESCO comme un « trésor du monde » [1].

Les Logiciels Libres connaissent un succès grandissant. Liberté, partage, ouverture sont les maîtres mot d'un mouvement qui n'attend que vous pour se développer. Pour en savoir plus sur les Logiciels Libres, vous pouvez consulter le Livret du Libre [2] ou contacter l'association Toulibre [3], qui présentera chaque mois dans Friture un aspect du Logiciel Libre.

[1] http://www.fwtunesco.org/article/articleview/22 [2] http://www.livretdulibre.org [3] http://www.toulibre.org

Cette chronique a été rédigée par Gaël Utard, relue et corrigée par Thomas Petazzoni. Elle a été publiée dans le premier numéro de Friture en avril 2006

Chronique 2 : « DADVSI » <html><a name="chronique2">&nbsp;</a></html>

DADVSI, ou « Droit d'auteur et droits voisins dans la société de l'information », tel est le nom d'une loi adoptée en première lecture par l'Assemblée Nationale le 21 mars dernier [1]. Il s'agit d'adapter la législation du droit d'auteur aux évolutions technologiques récentes, et notamment au fait que la musique est de plus en plus dématérialisée. La numérisation des oeuvres permet un meilleur accès à la culture. Il est possible désormais d'embarquer plusieurs centaines d'heures de musique dans un baladeur numérique pas plus gros qu'un baladeur à cassette. Sur Internet, il est possible d'accéder à une offre nettement plus large que celle de n'importe quel disquaire. En bref, plus d'oeuvres pour le public, et plus de public pour les oeuvres.

Face à ces nouvelles possibilités, le disque fait pâle figure. Les gens ont vite changé leurs habitudes : les ventes de baladeurs numériques explosent, 7 millions de français téléchargent. Mais les majors et les labels indépendants ont continué à baser leur modèle économique sur la vente d'un support, le disque, et n'ont pris que tardivement le virage de l'Internet. Leur offre en ligne est donc pauvre et aussi chère que le disque alors que la réduction sensible des coûts de distribution aurait dû profiter au consommateur. Les mélomanes préfèrent donc partager leur musique directement entre eux grâce au P2P.

Mais les industriels n'apprécient guère cette façon d'accéder à la culture qu'ils désignent sous le terme de « piratage ». Peine perdue, la pratique se répand et les tribunaux, mettant en avant l'exception pour copie privée, ne l'ont jamais franchement réprimée. Les lobbies ont donc décidé de passer à l'action. Selon eux, outre la mise en place de véritables « radars automatiques » du téléchargement distribuant une pluie d'amendes, la solution passe par les mesures techniques de protection (DRM). Il s'agit de vendre des fichiers dont le nombre de copies est physiquement limité.

Ces mesures techniques de protection ont de multiples répercussions. Elles suppriment de fait le droit à la copie privée qui, si elle est limitée au cadre de famille, n'est pas limitée en nombre de copies. D'autre part, elles amènent de nombreux soucis de compatibilité entre les différents morceaux téléchargés et les différents modèles de baladeurs numériques. En effet, les mesures techniques de protection reposent sur l'opacité du procédé, ce qui permet au passage de verrouiller les marchés : la musique Apple est incompatible avec la musique Sony, elle même incompatible avec la musique Microsoft. De plus, ces protections sont intrusives : elles ne sont pas respectueuses de la vie privée et sont susceptibles d'affaiblir la sécurité des systèmes informatiques [2]. Enfin, elle sont par nature incompatibles avec la notion de Logiciel Libre, excluant de fait toute utilisation des logiciels de ce type si l'on souhaite accéder aux oeuvres culturelles [3].

Quoi qu'il en soit, les mesures techniques de protection ne sont pas infaillibles. Un des objectifs de la loi DADVSI est donc d'en pénaliser lourdement le contournement. Plutôt que d'imposer des restrictions et augmenter encore un peu plus l'insécurité juridique, il aurait sans doute été préférable que cette loi légalise purement et simplement la mise à disposition non commerciale des fichiers musicaux. Quitte à mettre en place un financement collectif sur le modèle de ce qui se fait pour la radio, afin de rémunérer les auteurs et interprêtes [4].

Cette légalisation du téléchargement non commercial n'empêcherait nullement le développement de plateformes commerciales, pour peu qu'elles apportent une réelle valeur ajoutée : choix, présentation, qualité de l'enregistrement, vitesse de téléchargement. D'ailleurs, de nombreux artistes ont compris que la diffusion de leurs morceaux par les internautes, sur le modèle du bouche-à-oreille, était la meilleure manière de se faire connaître. Ils distribuent donc leurs compositions sous les termes d'une licence autorisant explicitement la copie [5][6]. Dans tous les cas, les débats autour du droit d'auteur n'ont pas fini de défrayer la chronique, puisqu'à chaque innovation technologique majeure l'équilibre entre le public et les ayants droit est remis en cause.

Pour en savoir plus : [1] http://www.assemblee-nationale.fr/12/ta/ta0554.asp [2] http://www.cejem.com/article.php3?id_article=202 [3] http://eucd.info [4] http://www.internetactu.net/?p=6401 [5] http://www.jamendo.com [6] http://www.musique-libre.org [7] http://www.toulibre.org

Cette chronique a été rédigée par Gaël Utard, relue et corrigée par Thomas Petazzoni. Elle a été publiée dans le second numéro de Friture, en mai 2006.

Chronique 3 : « Wikipédia » <html><a name="chronique3">&nbsp;</a></html>

Les idées de liberté, d'ouverture, de collaboration et de partage des connaissances à la base du Logiciel Libre ont permis la création de logiciels fiables et performants (voir Friture #1). Depuis quelques années, ces valeurs inspirent d'autres projets au delà de l'informatique. Un exemple : l'encyclopédie Wikipédia.

Derrière ce nom un peu étrange se cache une encyclopédie en ligne rédigée de manière collaborative par des dizaines de milliers d'internautes. Disponible dans environ 200 langues, Wikipédia dispose aujourd'hui de plus d'un million d'articles dans sa version anglaise et vient de passer le cap des 275.000 articles dans sa version française. Huit autres langues disposent de plus de 100.000 articles. Lancée en 2001, Wikipédia est aujourd'hui le 7ème site le plus visité au monde avec pas moins de 5.000 consultations d'articles chaque seconde ! Cette encyclopédie se présente sous la forme d'un simple site Web, librement accessible avec n'importe quel navigateur Internet. Elle couvre tous les domaines, de la géographie aux sciences humaines ou techniques, des personnages célèbres à l'histoire et bien d'autres choses encore. Ce qui n'y est pas encore y sera sûrement demain, grâce au travail des contributeurs, ou pourquoi pas grâce à vous !

En effet, les internautes travaillent ensemble, de manière bénévole, pour créer et améliorer les centaines de milliers d'articles de cette encyclopédie. Le principe de collaboration à grande échelle de plusieurs milliers de bénévoles, déjà appliqué au Logiciel Libre, a permis la création d'une gigantesque encyclopédie, qui s'agrandit de jour en jour, et dont le contenu est librement modifiable, copiable et réutilisable car diffusé sous les termes d'une licence dite libre.

Les internautes peuvent coopérer autour de Wikipédia car chaque article est directement modifiable en ligne par n'importe quel visiteur. Pas besoin de logiciel spécifique ou de compétences particulières : votre navigateur suffit. Ce fonctionnement permet à tous de contribuer de manière très simple. Vous pouvez corriger des fautes de frappe ou de grammaire, ou bien créer et compléter des pages consacrées à votre ville, à un monument que vous connaissez ou encore à un thème que vous maîtrisez particulièrement.

Face à cette ouverture totale des contributions, de nombreux débats ont lieu autour de la qualité du contenu de Wikipédia. En pratique, on s'aperçoit que le contenu est globalement de très grande qualité. Les erreurs et autres abus sont corrigés par des volontaires qui veillent à la qualité des articles. Sur les sujets sensibles, des discussions ont lieu au sein de l'encyclopédie pour parvenir à une position neutre et reflétant au mieux la réalité.

La richesse et la qualité du contenu de Wikipédia prouvent que le bénévolat et l'action collective ont encore de beaux jours devant eux !

Pour accéder à la version française de Wikipédia, rendez-vous à l'adresse http://fr.wikipedia.org.

Cette chronique a été rédigée par Thomas Petazzoni, relue et corrigée par Gaël Utard. Elle a été publiée dans le troisième numéro de Friture, en juin 2006.

Chronique 4 : « Ubuntu Linux, humanité aux autres » <html><a name="chronique4">&nbsp;</a></html>

Liberté, partage, coopération, échange et ouverture sont les maîtres mots du mouvement du Logiciel Libre [1]. Les Logiciels Libres sont des logiciels que l'on peut librement utiliser, copier, étudier et modifier en toute légalité. Cette idée d'ouverture et de partage réunit depuis plus d'une vingtaine d'années des dizaines voire des centaines de milliers de contributeurs bénévoles et d'entreprises ainsi que des millions d'utilisateurs. Ce mois-ci, nous vous proposons de découvrir un système entièrement libre: Ubuntu Linux.

Ubuntu Linux est un système complet, que l'on appelle distribution GNU/Linux. Ubuntu permet d'utiliser votre ordinateur exclusivement avec des Logiciels Libres: aussi bien le système de base que les applications courantes pour la bureautique, le multimédia ou l'Internet sont des Logiciels Libres. Ubuntu a la particularité d'être particulièrement simple à utiliser et à installer.

Ubuntu est un projet lancé en 2004 par le milliardaire sud-africain Mark Shuttleworth, qui est lui-même développeur et fan de Logiciels Libres. Le nom Ubuntu, qui se prononce Oubountou, provient d'un ancien mot bantou (une langue africaine) signifiant « Humanité aux autres » ou « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous ». Le projet Ubuntu est sponsorisé par la société Canonical de Mark Shuttleworth, qui finance ainsi des développeurs de Logiciels Libres pour travailler en collaboration avec la communauté à l'amélioration d'Ubuntu. La société Canonical vend différentes formes de services comme la formation, le support, la maintenance, l'adaptation pour des entreprises ou des institutions, mais le système Ubuntu reste entièrement libre.

Une fois installé, Ubuntu propose un environnement graphique ergonomique et convivial. Il permet d'accéder à diverses applications: la suite bureautique OpenOffice.org pour le traitement de texte, le tableur et les présentations, Mozilla Firefox pour la navigation sur le Web, Évolution pour le courrier électronique, Gaim pour la messagerie instantanée comme MSN ou Jabber, Gimp pour la retouche photo, etc. Des milliers d'autres Logiciels Libres peuvent être ajoutés en quelques clics de souris.

Ubuntu peut être téléchargé gratuitement via Internet ou bien acheté au travers de magazines disponibles en kiosque. Ainsi, le hors-série n°6 du de Linux Pratique vous propose un CD-ROM d'Ubuntu Linux ainsi qu'un fasicule décrivant l'installation du système et l'utilisation des principaux logiciels. À noter que l'installation d'Ubuntu Linux n'est pas obligatoire pour tester : le système Ubuntu peut démarrer directement à partir du CD-ROM, sans modifier votre ordinateur.

Si vous avez des questions concernant son installation ou son utilisation, vous découvrirez un aspect particulièrement intéressant des Logiciels Libres: la communauté d'utilisateurs et son ouverture. Ainsi, les utilisateurs francophones d'Ubuntu s'entraident et discutent par l'intermédiaire d'un forum [2] et rédigent de manière communautaire de la documentation en français [3]. D'autre part, de nombreuses associations, comme Toulibre [4] à Toulouse organisent régulièrement des rencontres autour du Logiciel Libre durant lesquelles vous trouverez de l'aide pour installer ou utiliser Ubuntu ou d'autres Logiciels Libres.

Avec Ubuntu Linux, les Logiciels Libres deviennent accessibles à tous: n'hésitez pas à les essayer !

[1] Présenté dans le premier numéro de Fritures [2] http://forum.ubuntu-fr.org [3] http://doc.ubuntu-fr.org [4] http://www.toulibre.org

Cette chronique a été rédigée par Thomas Petazzoni. Elle était prévue pour parution dans le numéro #4 de Friture (septembre 2006), mais Friture a suspendu sa publication jusqu'à début 2007.